A la suite de l’article sur le 9 essentiels – Pour comprendre les « droits culturels » et le droit de participer à la vie culturelle, nous ouvrons un chantier qui reprend les différents référentiels des droits culturels en vue de les présenter sommairement et les mettre en dialogue pour faire culture commune autour des droits culturels. Premier référentiel : le droit à la culture défendu par la juriste Céline Romainville, professeure en droit constitutionnel à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve (UCL).
Le droit à la culture est un des référentiels des droits culturels en Fédération Wallonie-Bruxelles, en atteste sa citation dans le décret des centres culturels du 21 novembre 2013 et les mentions qui sont données par les divers acteur·ices de ce secteur. En quelques mots, le droit à la culture correspond à une lecture juridique des diverses sources des droits culturels éparpillées dans différents textes internationaux et nationaux, des instruments universels et de grandes institutions telles que l’UNESCO. L’objectif de ce droit est de clarifier la nébuleuse de références afin d’assurer une portée juridique et une opérationnalisation politique des droits culturels.
L’ouvrage Le droit à la culture, une réalité juridique est tirée de la thèse de doctorat soutenue en 2011 à l’Université catholique de l’UCL par Céline Romainville, alors chargée de recherches du FNRS et chargée de cours à l’UCL, l’Université Saint-Louis-Bruxelles et l’Université libre de Bruxelles.
L’objectif de l’ouvrage
La thèse vise à définir, en droit des droits fondamentaux et en théorie du droit, le droit de participer à la vie culturelle, les obligations qu’il implique pour l’État et les prérogatives qu’il implique pour ses titulaires.
Voici un extrait de la partie I consacrée au concept de culture et à la légitimité des politiques culturelles:
« Après une étude des différentes acceptations du concept de culture, nous avons montré que la culture se comprend surtout par rapport au travail sur le sens des expériences humaines et sociales qu’elle construit et qu’elle incarne. (…) La culture est essentielle pour le développement des capabilités des individus et pour la construction de leur identité.
La réception juridique du concept de culture n’en reflète que certaines acceptations. En effet, le système juridique et le droit des droits fondamentaux doivent appréhender la culture en fonction de leurs rôles particuliers (respectivement: ordonner le réel et garantir un certain nombre de ressources à tous les individus). Ainsi, le concept de culture privilégié par le droit et les droits fondamentaux a trait à l’ensemble des créations artistiques et des patrimoines culturels, qui incarnent la culture au sens de travail sur le sens des expériences humaines et sociales dans des réalisations concrètes, dans des processus créatifs déterminés, dans des méthodes particulières, dans une posture d’expressivité et d’analyse critique.
La reconnaissance d’un droit à la culture emmène forcément la mise en œuvre de politiques culturelles dont l’objectif est de soutenir la diversité, de favoriser l’accessibilité et la participation à la culture. (…) L’exigence de justice en matière culturelle ne concerne pas seulement les actions de l’Etat visant à soutenir la diversité culturelle. Elle concerne également, et surtout, les politiques visant à assurer une participation de chacun aux structures culturelles qui permettent à l’individu d’advenir à lui-même et de déployer ses possibilités de création. (…) L’exigence de justice implique que l’Etat instaure des espaces de coopération de travail sur les sens, un authentique espace public culturel. » (pp189-191 de l’ouvrage)
Le cœur de l’ouvrage
La thèse est ainsi constituée d’une analyse descriptive, explicative et évaluative de la reconnaissance, de la portée, de l’effectivité et de la légitimité du droit de participer à la vie culturelle. Afin de rendre possible une analyse juridique rigoureuse et précise, l’étude s’est limitée à trois domaines en particulier : la création artistique, le patrimoine et l’Éducation permanente.
Le livre aborde successivement les sources juridiques du droit de participer à la vie culturelle et leur portée, l’objet de ce droit, les prérogatives et les obligations qui en découlent, ses titulaires et ses débiteurs.
Voici un extrait de la partie II consacrée à la reconnaissance du droit à la culture :
« Sur base de la mise en relation de l’ensemble des sources du droit à la culture, l’identification des éléments du régime juridique du droit à la culture a été réalisée (…) en droit international et en droit constitutionnel [belge].
L’objet du droit à la culture a été défini comme s’étendant à la diversité des expressions culturelles, c’est-à-dire à l’ensemble des pratiques et des œuvres, des activités socio-culturelles et des éléments du patrimoine qui expriment, par des procédés artistiques, créatifs, critiques et expressifs, une recherche sur le sens des expériences humaines et sociales. Les prérogatives qui s’exercent sur cet objet sont les suivantes : liberté artistique ; droit au maintien, à la conservation et au développement des cultures et des patrimoines ; droit d’accéder à la culture ; droit de participer à la culture ; liberté de choix et droit de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques culturelles. L’identification des prérogatives allant de pair avec celle de leurs titulaires (…), le droit à la culture est un droit individuel à forte dimension collective, c’est pourquoi il s’exerce en grande partie en association et en groupe.
Enfin, les obligations qu’emporte le droit à la culture ont été définies en recoupant les prérogatives dégagées avec la théorie générale des obligations de respecter, protéger et réaliser. Ces obligations reposent sur les épaules d’un ensemble de débiteurs qui constituent les collectivités publiques. Elles sont particulièrement importantes dans le cas des collectivités compétentes en matière culturelle. » (pp525-526 de l’ouvrage).
La justiciabilité du droit à la culture
Enfin, l’ouvrage se développe autour d’une réflexion sur l’effectivité du droit de participer à la vie culturelle qui mobilise une analyse du droit des politiques culturelles.
Voici un extrait de la partie III consacrée à la justiciabilité du droit à la culture :
« Le principe de standstill est apparu (…) particulièrement fécond pour le droit à la culture. Pourtant, ce principe n’a été appliqué qu’à de très rares occasions au droit à la culture, ce qui n’a pas manqué de nous étonner mais qui est sans nul doute explicable par l’imprécision qui caractérisait le droit à la culture. (…)
La portée du principe de standstill induit du droit à la culture est identique à celle induite d’autres droits : elle est relative et soumise à l’exigence de recul sensible que l’on n’a pas manqué de contester bien qu’elle fasse désormais l’objet d’une d’un consensus jurisprudentiel certain. Mais les réels obstacles à un déploiement adéquat de l’obligation de standstill induite du droit à la culture résultent de l’absence d’évaluation législative du droit public de la culture et du défaut d’indicateurs relatifs au droit à la culture. (…)
Dès lors que les politiques culturelles sont ancrées dans le droit à la culture, nous avons l’intuition que le principe de standstill peut, s’il est accompagné d’un développement du droit procédural des politiques culturelles (évaluation et indicateurs) et d’une précision des autres effets du droit à la culture (intangibilité, noyau dur, dimension objective), devenir un axe de défense et de refondation des politiques culturelles, notamment au plan européen. » (pp827-828 de l’ouvrage)
Pour compléter cette présentation du droit à la culture :
Pour aborder les développements de Céline Romainville par un autre support, nous renvoyons à l’intervention donnée par cette dernière dans le cadre du séminaire interdisciplinaire « Droit de participer à la vie culturelle et politiques culturelles » organisé par Culture & Démocratie à Point Culture Bruxelles en décembre 2013.
Le numéro 1 consacré au droit à la culture & la législation relative aux centres culturels, coordonné par Céline Romainville en mai 2012.
Les numéros 4-5 consacré à la démocratie culturelle & démocratisation de la culture, coordonné par Céline Romainville et postfacé par Roland De Bodt en juin 2014.
Capabilité: ce terme, qu’on aurait pu traduire par « capacité » en français, mérite néanmoins les honneurs d’un néologisme car il contient, à lui seul, l’essentiel de la théorie de la justice sociale développée par l’économiste et philosophe Amartya Sen depuis les années 1980. Son écho auprès des instances internationales et des acteurs du développement humain en fait aujourd’hui une des raisons pour lesquelles le développement d’un pays ne se mesure plus seulement à l’aide du PIB par habitant. Selon A. Sen, comme pour Martha Nussbaum, la « capabilité » désigne la possibilité pour les individus de faire des choix parmi les biens qu’ils jugent estimables et de les atteindre effectivement. Les « capabilités » sont, pour ces auteurs, les enjeux véritables de la justice sociale et du bonheur humain. Elles se distinguent d’autres conceptions plus formelles, comme celles des « biens premiers » de John Rawls, en faisant le constat que les individus n’ont pas les mêmes besoins pour être en mesure d’accomplir le même acte : un hémiplégique n’a aucune chance de prendre le bus si celui-ci n’est pas équipé spécialement. (Tiré du site Sciences humaines, https://www.scienceshumaines.com/capabilites_fr_29433.html)
Dans cet article inédit, le philosophe et enseignant Christian Ruby* analyse de façon critique le concept de « santé culturelle » porté par différentes politiques culturelles en France. Cette notion partage les populations en termes de bonne ou de mauvaise santé culturelle, par exemple selon la participation plus ou moins active ou passive des individus à la vie culturelle. Fondée sur nombre de présuppositions quant aux pratiques culturelles, cette extension du vocabulaire de la santé au champ culturel transforme des problématiques de la vie culturelle liées à des rapports sociaux et tensions politiques en des pathologiesquasi-médicales, que les actions des professionnel·les et expert·es culturel·łes doivent dès lors tenter de guérir. Ainsi, à travers cette « normativité sanitaire » et les discours qui la légitiment, la culture s’entend comme la formation de l’individu à partir de normes qui lui sont extérieures et pré-établies, sans qu’il ait de pouvoir d’agir propre ou d’autre ligne de devenir.Voilà de quoi nous donner matière à réflexion quant à nos politiques et pratiques culturelles en Belgique.
Les visuels de l’article sont disponibles dans le kit de médiation proposé par le Ministère de la Culture français – Conception par Sophie Marinopoulos et design graphique réalisé par Clémence Passot
Elle file à toute allure entre les lignes de discours ministériels, de propos diffusés dans et par de nombreuses associations culturelles, voire au sein de dossiers de conseillers municipaux engagés dans l’action culturelle. « Elle » ? Rien d’autre que l’expression « santé culturelle ». Elle est associée à des compléments : « de la population » ou des « citoyennes et citoyens », voire des « habitantes et des habitants », etc. Elle est cependant moins générale que ces compléments ne le laissent supposer. En effet, elle est spécifiquement appliquée à l’exécution d’une distinction interne à la population, sur une partie de laquelle elle incite à entreprendre des actions culturelles différenciées. Cette distinction repose sur l’appréciation de la « bonne » ou de la « mauvaise » santé culturelle des individus. Elle distribue ainsi les citoyennes et les citoyens en catégories dont les extrêmes regroupent les « populations en bonne santé culturelle » et les populations stigmatisées « en mauvaise santé culturelle », sachant que l’établissement d’une moyenne entre ces extrêmes à appliquer au corps politique ne ferait rien d’autre que dissimuler l’antithèse.
Cette expression, ainsi que les discours qui la légitiment et les pratiques qu’elle assigne, notamment sous forme d’un kit mis à disposition des professionnels de la culture, est récente dans le champ de la culture et dans les usages des opérateurs de la culture. Elle a sans doute pris le temps de germer avant d’être érigée en fétiche parce qu’elle donne sens à des pratiques pédagogiques. Au demeurant désormais adossée aux travaux d’une psychanalyste, Sophie Marinopoulos, dorénavant égérie des politiques interministérielles de l’éveil artistique et culturel, grâce à son dessein de concevoir et déployer une « stratégie nationale pour la Santé Culturelle », laquelle viserait d’abord à « Promouvoir et pérenniser l’éveil culturel et artistique de l’enfant de la naissance à trois ans dans le lien à son parent », elle se trouve le plus souvent élargie par rapport au propos initial de sa conceptrice à toute la population dont certains voudraient dénoncer la « passivité réceptrice ».
Cette naissance d’une politique de santé culturelle des populations mérite qu’on s’en étonne, la questionne et qu’on exerce une pensée critique à son égard. D’autant que ce vocabulaire de la santé est toujours plus envahissant dans les activités sociales. Ne parle-t-on pas de « santé économique » des entreprises ou de « santé morale » des individus, etc. ? Cela étant, pour en rester au cas spécifique de la culture, c’est au point de cerner le domaine culturel en termes d’organismes à activer et d’élaboration de stimuli destinés à produire des excitations « bénéfiques ». Cette politique incite à une extension de l’idéologie de la médecine hors de son domaine. Elle confère une nature médicale à des représentations des tensions sociales qui devraient plutôt être conçues politiquement. Parfois, une telle doctrine est imposée aux professionnels de la santé/culture auxquels est enjoint de rendre à certains la « bonne santé culturelle » et de les guérir durablement. Cette « bonne santé culturelle » servirait de norme de l’ordre culturel, tandis que la « mauvaise » verserait dans le désastre, voire l’infraction culturelles.
Ces remarques qui portent sur la redéfinition d’un problème existant – celui des discriminations – dans un langage médical n’impliquent pas la même réticence à l’égard de la possibilité de concevoir culturellement la santé des humains, de penser les rapports de la santé et de la culture, le poids des inégalités culturelles sur la santé, les liens de la santé et du travail en entreprise, mais aussi la formation culturelle des citoyennes et citoyens à partir des arts et des sciences ou de l’éducation artistique et culturelle. Pas plus qu’elles n’impliquent une critique de ce qui n’est pas en question ici, « la grande santé » nietzschéenne ou « l’excès de santé » baudelairienne, dans la peinture qui pratique l’outrance, voire l’usage de la notion de « diagnostic » chez Michel Foucault !
Des présuppositions
L’exigence dessinée par la notion de santé culturelle, en outre de fournir des raisons à des types d’action particuliers, plutôt empiristes comme le contact avec des œuvres culturelles, renvoie à de nombreuses présuppositions.
Parmi elles, la première engage la fusion de « santé » (substantif) et de « culture » (adjectif), disons, si on suit la doxa, l’assimilation d’une conception de la norme du bon état d’un être ou du bon fonctionnement d’un organisme et de ce qui devrait consister en une action de formation ou de mise en forme de soi de chaque individu par des exercices culturels, dans un cadre politique défini mais toujours remis en question par des œuvres nouvelles. Compte tenu de l’ordre des termes, l’assemblage s’accomplit sous le primat de la santé.
Dès lors, cette présupposition tend à imposer aux individus discernés une éducation culturelle façonnée à l’aune d’une norme extérieure de soin et de thérapie, d’hygiène de vie et de combat contre des causes pathologiques culturelles, qui ne peut être assignée ou entretenue que par des professionnels concentrés sur une mission de « politique sanitaire ». En quoi elle tombe dans un paradoxe, celui de prôner à juste titre une plasticité des individus – ils peuvent se modeler – qu’elle décourage aussitôt en convoquant une norme culturelle de référence, comprise comme une prescription attendue, aussi précise et réglable qu’une mécanique.
Si cette première présupposition est déjà contestable, elle s’articule à une autre par la référence à un « bon état » ou un « mauvais état » des affaires culturelles des individus. Cet aspect ne lasse pas d’accentuer le danger. Comment sont définis ces deux critères du salubre et de l’insalubre ? Qui s’octroie le pouvoir de les décréter et d’opérer avec eux un diagnostic sur des individus qui ne sauraient donc pas qu’ils sont en « bonne » ou « mauvaise » santé ? À partir de quelles causes caractéristiques ou décrépitudes juger de la gravité de la situation et délivrer une ordonnance contre le mal ? Et quels rapports entretiennent-elles avec la question de la culture telle qu’elle prend sens dans l’histoire et la cité ? Toutes questions que les milieux médicaux de la santé connaissent en fonction de leur objet propre. Encore relèvent-elles dans ce cas de travaux précis portant sur un concept de santé dont ils savent qu’il n’est pas un concept scientifique – Jean-Jacques Rousseau estime que la santé est un élément constituant de la nature et il diagnostique que la civilisation provoque les maladies (l’arbitraire, l’ignorance et la chair, y compris les pratiques médicales de son époque) qui ne peuvent être guéries que par une éducation renouvelée et la connaissance de soi –, sur la conception sociale plus que médicale, justement, des normes de la santé.
Encore ces deux premières présuppositions s’amplifient-elle d’une troisième. Celle qui concerne la « maladie » culturelle (la mauvaise santé) et la guérison à y apporter. Cette notion de « maladie », qui serait cette fois culturelle mais non moins suspecte que l’ancienne « folie » ou « maladie mentale », renforcerait alors le traitement que l’opinion veut infliger à l’« anormal » et au « pathologique » culturels. Si santé culturelle il y a, elle pourrait donc se consolider ou se détériorer, se consolider par des stimuli et se détériorer par le truchement d’agents pathogènes contre lesquels nul n’aurait été prévenu ! Encore faut-il envisager le « patient » comme un être qui se trouverait parfois corrompu par ces agents internes ou externes que quelques techniques de traitement empirique appropriées dissoudraient : comme, auprès d’enfants ou d’adultes, « stimuler » l’esprit par le contact, défaire la « passivité » culturelle, « nourrir » l’esprit qui fait montre de sa « malnutrition », dessiller ses yeux, le concentrer sur des références dont le surgissement vaudrait exercice de l’attention, voire, en termes plus contemporains, combattre la déculturation des jeunes générations (par fait d’ordinateurs, de réseaux sociaux, etc.). Toutes techniques appuyées sur une image des constituants de l’esprit individuel, et de son étrangeté cadavérique potentielle.
En fin de compte, et notamment pour ce langage commun, l’expression « santé culturelle » ne trouve à s’appliquer qu’à partir de la logique des verbes « être » (une copule fixante) et « avoir » (déterminant de possession), excluant les devenirs. Les individus « seraient » en bonne ou en mauvaise santé, ils « auraient » la santé ou « auraient » sur eux des signes de décrépitude. En tout état de cause, la santé évoquerait l’idée d’une force qui pourrait se détériorer en obligeant à nommer des parias afin de les soigner, d’une aptitude à résister aux agressions extérieures, d’une constitution solide.
Fracture, faillite et fébrilité
Au cœur de ces présupposés, reste à éclaircir la question de savoir à quoi est suspendu le diagnostic de la « mauvaise » santé culturelle. Se décline-t-elle à partir d’un constat objectif ou relève-t-elle d’une construction normative imposée au corps social par la logique de la domination et des fractures qu’elle instaure. Ce qui commande les discours motivant notre critique, c’est le fait que la solution est donnée avant l’analyse, des fractures semblent à la fois données et paradoxalement fixées alors qu’on voudrait les réduire. Or, s’il y a bien des fractures internes à nos sociétés, lesquelles peut-on montrer résultent d’une histoire et de rapports sociaux à problématiser, ce ne sont ni des fractures surnaturelles, ni des fractures relevant d’une essence ou d’un être des individus auprès desquels on serait censé les constater.
Une autre difficulté décisive porte sur l’usage du terme « culture », ici adjectivé. La culture, décidément, comme la santé est conçue comme un « être », une « manière d’être » ou un « avoir ». Les propos sur la santé culturelle, ainsi conçus à partir d’un modèle nostalgique de la santé, ne peuvent se détacher de l’idée selon laquelle « culturel » ou « cultivé » serait donné à certains, sous certaines modalités servant alors de normes. Il suffirait de les appliquer à ceux qui sont « inertes » grâce à des objets stimulants. Or, là encore, s’il y a bien une question culturelle interne à nos sociétés, la culture ne peut être assimilée ni à des objets culturels spécifiquement requis pour « être » en bonne santé culturelle, ni à des références-types à partir desquelles une « maladie » culturelle pourrait être cernée, ni d’ailleurs aux normes imposées par des institutions culturelles. Elle relève plutôt d’une formation à une multiplicité de démarches (arts, sciences, etc.), de l’hétérogénéité des jugements et de dissentiments culturels propres à rendre le champ culturel dynamique, toujours en devenir.
Face à ces expressions qui traversent désormais le champ culturel, d’autres considérations viennent à l’esprit. Elles sont de plusieurs ordres.
Sociologique : comment considère-t-on ces familles atomisées qui font l’objet de la thérapie, sinon par le mépris puisque celles qui sont désignées comme « malades » semblent l’être par nature, au point qu’il conviendrait de les faire passer de la nature à la culture ou de la passivité à l’activité, en ne se préoccupant guère du fait que nul ne passe jamais de la nature à la culture, mais toujours d’une forme culturelle à une autre ?
Politique : d’abord au sens des politiques culturelles. Cette notion de santé culturelle affirme donc que les institutions échouent à jouer le rôle normatif qui est le leur, et qu’il convient de reprendre le dossier à partir de nouveaux traitements. Elle annonce la faillite de ces institutions mais sur une fondation plus normative encore que celle qui les traverse depuis longtemps, qu’il s’agisse de démocratisation ou de démocratie culturelles.
Éthique : ce rapport, entre « bonne » et « mauvaise » santé culturelle est réglé d’emblée comme un rapport de domination, puisque seuls quelques-uns disposent de la « bonne santé » qu’il s’agit d’imposer aux autres. Les conséquences de ce positionnement sont évidemment nombreuses. Mais surtout elles reposent sur l’implicite reconnaissance des difficultés imparties, à partir d’un aveu requis d’ignorance : l’impératif de dire à quelqu’un qu’il ne sait pas exactement d’où il vient (du « mauvais » côté), quel est son « genre » culturel (sa généalogie familiale désastreuse), que son milieu est « malade », que la solution de ses « problèmes » est dans la soumission au traitement proposé.
Des légitimations
Entre les lignes des discours ministériels, des propos diffusés dans les nombreuses associations culturelles qui s’en réclament, voire des dossiers de conseillers municipaux engagés dans l’action culturelle, ce thème de la santé culturelle fait également l’objet de légitimations discutables. Nous ne chicanerons pas celle qui affirme l’importance de la culture dans l’existence des humains. Bien au contraire. Pas plus que nous n’épiloguerons sur celle qui assure la nécessité et la portée des exercices culturels dans toute société.
Plus suspectes sont les légitimations de la nécessité théorique et pratique d’imposer une telle optique d’une santé culturelle par la formation culturelle des individus et par un signe adressé à la philosophique grecque. Arrêtons-nous sur ces deux légitimations.
La première incite, apparemment à juste titre, à repenser la formation culturelle des individus. Encore est-ce, comme nous l’avons écrit, par fait d’une appréciation portée contre une détérioration soi-disant attestée de celle-ci ou d’une déclaration d’inconsistance de ce qui se pratique actuellement dans tel ou tel milieu. Mais cette légitimation fait l’impasse sur ce qu’elle véhicule en termes de hiérarchie dans les prestations culturelles, de négation des différences dans les formations culturelles et les droits culturels, d’ignorance des dissentiments culturels. Elle valorise l’imposition, l’uniformité et l’homogénéité des conceptions et des références. Elle repose en fin de compte sur une perception d’une cité modélisée à l’aune de la culture des institutions sociales, culturelles et politiques.
S’il y a conflit autour de cette légitimation, c’est que cette idée d’une santé culturelle confond la formation culturelle des individus avec la manière de les former. Or, qui dit formation (au sens de Bildung) dit exercices des femmes et des hommes à la capacité à demeurer debout en toutes circonstances, en un déploiement de règles de l’existence multipliant le refus des assignations dans un échange et une solidarité avec les autres, dans leur proximité et leur altérité. La formation culturelle fabrique des compétences destinées à aider les humains à construire des trajectoires au cours desquelles les existences s’amplifient en refusant de se soumettre ou se disloquer, devant la nécessité de vivre humainement l’échec, la souffrance, voire la finitude. La culture relève d’une tâche infinie. Elle se déploie historiquement, par ruptures et reconfigurations, en processus de resignification des actions et des discours.
En quoi « culture » ne devrait désigner ni une essence ou une identité, ni uniquement un monde d’objets ou de ressources spécifiques (culture élitiste ou cultivée), ni une discipline à apprendre (déterminée par un programme et assignée à des spécialistes, type universitaire), ni une somme de connaissances. Elle ne se réduit pas non plus à une doctrine d’État, relevant d’un ministère de la Culture, par ailleurs nécessaire. De surcroît, s’il faut refuser de la dissocier entièrement de ses institutions et personnels, la culture est plus et autre chose qu’eux.
La seconde légitimation vise à soutenir que cette idée de santé culturelle pourrait restaurer dans notre monde certains principes de la philosophie grecque, ce qui en fortifierait la légitimité, du moins philosophique ou aux yeux des philosophants. Ainsi dit-on que cette idée de santé appliquée à la culture revalorise l’idée antique de « soin de l’âme ». Effectivement, l’on ne peut nier l’ambition thérapeutique de certaines philosophies de l’antiquité. Pour autant, ce qui fait en elles office de santé se dit d’abord « salut » et plus exactement « salut de l’âme », identiquement « santé de l’âme » dans son rapport à la « santé du corps ». Si l’on prend en profil la philosophie d’Épicure, on y lit bien que le salut, la santé et le soin sont trois termes qui se conjuguent effectivement, mais parce qu’ils ont leur unité dans les exercices philosophiques en leurs trois parties (logique, physique et éthique), et non pas dans des normes imposées de l’extérieur, comme le souligne un autre philosophe, cette fois stoïcien, Épictète : « Ceux qui reçoivent simplement les principes veulent les rendre immédiatement, comme les estomacs malades vomissent les aliments. Digère-les d’abord et, ensuite, ne vomis pas ainsi ; sinon, il advient cette chose sale et répugnante que sont les aliments vomis » (Entretiens, trad. Émile Bréhier, Paris, Gallimard, 1962, livre III, chap. XXI).
Dès lors, l’allusion de l’usage ici critiqué de santé à l’Antiquité, ou son analogie avec elle, afin de la légitimer n’a que peu de rapport avec elle. La version grecque ne promet aucune imposition, aucune norme extérieure, mais un ensemble d’exercices à pratiquer en forme de« souci de soi », en rapport avec une théorie du désir, des affections (du pathos), le plaisir au demeurant n’étant pas exclu s’il est approprié à la dynamique du vivant et de l’existant. Et ceci,même si l’Antiquité affirme souvent que l’homme en lequel la raison domine est plus sain que celui qui s’abandonne à la pente de ses désirs (agitation, inattention, fébrilité, inconstance,autant de « maladies » de l’âme), de sorte qu’il est effectivement possible de parler, à certains égards, d’une philosophia medicans, d’une philosophie conçue comme soin recommandé d’ailleurs en vue d’une meilleure santé, ou soulagement d’une âme tourmentée. Ce qui n’autorise pas à plier la philosophie grecque à la légitimation de problèmes contemporains.
Les impasses de la « bonne volonté culturelle »
Notre enquête montre que la toile théorique et pratique tissée par ce projet de muer l’idée de santé culturelle en action politique est assez complète. Elle échafaude une perspective de formation culturelle individuelle à partir de stimuli et de fréquentations imposées par d’autres, tissant simultanément des considérations conceptuelles plus ou moins étayées, des projets de réforme politique, des exigences éthiques. Elle concocte une sorte de fable de la formation culturelle réduite à des consignes d’éducation ou des directives rassemblées en kit de secours devant un désastre supposé ou envisagé dans le gouvernement moderne des populations.
Elle ne se pose aucunement les questions essentielles : si l’humain est social, dans sa plasticité et son devenir même, comment les facultés culturelles sont-elles produites ? Quelles relations entre les facultés, les pratiques et les objets ? Que produisent les signes tels qu’il les rencontre ? Comment articuler la culture sociétale et la culture individuelle ? Etc., toutes questions qui excluent que l’on n’ait, en matière culturelle, à s’adresser qu’à des individus ou des esprits à activer, absents de configuration sociale, de désirs, de jeux de délibérations et d’actions, à considérer individuellement, et en prenant ce qui est appelé « culture » comme une figure d’avance déterminée.
Que les fractures sociales, culturelles et politiques existent nul ne le réfute. Mais elles ne peuvent se traiter par des opérateurs thérapeutiques dont on ferait croire qu’ils sont « neutres ». Alors que, dans tous les cas, le point central est celui de l’émancipation des individus et des groupes sociaux par rapport aux normes imposées.
Il reste toutefois possible de reconnaître deux choses positives concernant cette proposition de défendre l’idée d’une santé culturelle des citoyennes et des citoyens. La première est celle-ci : il n’y a pas de grâce de l’esprit mais seulement de l’éducation ; et il est effectivement difficile de considérer que la formation culturelle des individus – aux arts, par les arts, aux sciences, par les sciences, etc. – est idéale de nos jours, et que les institutions culturelles produisent systématiquement de réelles formations. Mais il conviendrait de se demander quand et par qui cette santé aurait été détruite, et en quoi ceux qui proposent des thérapies sont les seuls à pouvoir réparer les dégâts constatés. N’importerait-il pas plutôt de poser le problème politiquement et de cerner des approches politiques de la diversité des cultures et des normes culturelles ?
La seconde renvoie aux atermoiements de la bonne volonté culturelle qui sert de support à cette entreprise, une bonne volonté culturelle à l’égard des « autres ». Cette bonne volonté ne cesse d’agir et de se penser en surplomb des modalités des rapports sociaux et donc des individus. Elle ne saurait tenir compte d’interactions et d’échanges. Elle sait d’avance quels sont les objets culturels susceptibles de former les esprits.
Encore convient-il de préciser que cette bonne volonté culturelle n’est pas tout à fait équivalente aux doctrines du care (du soin) qui sont élaborées par certains philosophes. Ses principes sont autres : la prise au sérieux de la fragilité de l’être humain dans le cadre d’une société et la constitution d’une attention réciproque entre les individus, célébrant un « nous » à l’encontre des philosophies du « je » ou du « tu ». L’une des différences majeures entre les deux options réside dans la solution de la question : qu’est-ce qui satisfait dans la notion utilisée (« bonne ou mauvaise » santé culturelle) et qu’est-ce qui est satisfait par elle, posée en allégorie d’une société parfaite qui survivrait aux désastres culturels ?
Bibliographie
Canguilhem Georges, Le Normal et le pathologique, Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique, 1943, Paris, PUF, 2005. Conche Marcel, « Introduction à Épicure », Lettres et maximes, trad. Marcel Conche, Paris, Presses Universitaires de France, 1987. Fassin Didier, « Avant-propos. Les politiques de la médicalisation », in L’ère de la médicalisation, dir. P. Aïach et D. Delanoë, Paris, Anthropos, 1998. Foucault Michel, Naissance de la biopolitique, Cours au Collège de France, 1978-1979, Paris, Gallimard/Seuil, 2004. Hogarth Richard, La culture du pauvre, Paris, Minuit, 1970. Laugier Sandra : – Qu’est-ce que le care ?, Paris, Payot, 2009. – Face aux désastres : une conversation à quatre voix sur la folie, le care et les grandes détresses collectives, Paris, Ithaque, 2013. Marinopoulos Sophie, « Stratégie nationale pour la Santé Culturelle : Promouvoir et pérenniser l’éveil culturel et artistique de l’enfant de la naissance à trois ans dans le lien à son parent », site du ministère de la Culture, 2017.
Sénèque, De la constance du sage, trad. Émile Bréhier, Paris, Gallimard, 1962. Winnicott Donald Woods, Processus de maturation chez l’enfant : développement affectif et environnement, Éditions Sciences de l’homme, Paris, Payot, 1970.
*Christian Ruby, philosophe, travaille à l’ESAD-TALM, site de Tours. Il est membre de l’ADHC (association pour le développement de l’Histoire culturelle), de l’ATEP (association tunisienne d’esthétique et de poiétique), du collectif Entre-Deux (Nantes, dont la vocation est l’art public) ainsi que de l’Observatoire de la liberté de création. Membre du CA du FRAC Centre Val-de-Loire, il a publié ces dernières années : Abécédaire des arts et de la culture, Toulouse, Éditions L’Attribut, 2015 ; « Criez et qu’on crie ! » Neuf notes sur le cri d’indignation et de dissentiment, Bruxelles, La Lettre volée, 2021 ; Des cris dans les arts plastiques, Bruxelles, La lettre volée, 2022.
Une contribution personnelle1 de Roland de Bodt – écrivain, chercheur et membre de Culture & Démocratie – qui revient sur le caractère révolutionnaire des droits humains en termes de liberté et d’égalité2. Il problématise la mise en œuvre de ces libertés fondamentales à partir des formes actuelles totalisantes, voire totalitaires, qu’en donne le système industriel mondial. Sur cette base, Roland de Bodt en appelle à se ressaisir des théories du libéralisme pour transformer les imaginaires. Il propose les termes « libertés culturelles » plus radicaux que ceux de « droits culturels » pour insister sur les principes éthiques plus essentiels à ses yeux que les moyens juridiques d’y parvenir.
Une trace de la recherche participative, ici, avec le centre culturel d’Anderlecht Escale du Nord, le CIFAS et l’Âge de la Tortue.
Au point du jour, lorsque l’astre offre ses lumières à nos nuits obscures de passions, de méditations et d’ébats, ne trouverions-nous quelqu’avantage à tirer les conséquences de nos actes ? Si d’aventure cette hypothèse était retenue, je formule ici quelques propositions.
De la révolution des libertés
1. Déclarer que les êtres humains, du seul fait de la naissance, sont libres et égaux – est un acte révolutionnairei qui résiste à toute forme de domination et de violence industrielles, économiques, technoscientifiques, théocratiques, militaires, policière, politiques.
2. Postuler que cette liberté est égale, réciproque et responsable ; responsable : parce qu’il y aurait lieu de répondre de son usage devant la communauté des êtres humains ; réciproque : parce qu’il y aurait lieu de reconnaitre à autrui la liberté à laquelle on prétend pour soi-même ; égale : parce qu’elle ne saurait être regardée comme « absolue » sans se mettre au service de la tyrannie et, par-là, dénaturer son essence, ronger ses attributs et ruiner ses vertus – est également un acte révolutionnaire qui résiste à toute forme d’absolutisme industriel, économique, technoscientifique, théocratique, militaire, policier, politique.
3. Reconnaitre aux êtres humains, du fait de la singulière diversité de leurs natures, de leurs choix, de leurs appartenances, de leurs engagements et de leurs formations, une libre et égale dignité – est encore un acte révolutionnaire qui reconnait chacune et chacun comme acteur·ice culturel.le, à part entière, doué.e de conscience, de raison et de solidarité ; octroie, à chacune et chacun, la souveraineté dans les décisions qui concerne sa vie.
4. Prétendre que chaque être humain a droit à la protection de la loi, des services publics et de la communauté humaine pour sauvegarder l’intégrité physique et culturelle de sa personne, sa vie privée, sa correspondance – est un acte révolutionnaire qui condamne toute immixtion et toute velléité de contrôles industriels, économiques, technoscientifiques, théocratiques, militaires, policiers, politiques qui portent atteinte à la souveraineté de la personne humaine, dans les décisions qui concerne sa vie.
5. Accepter que chacune et chacun vive selon ses libres idées et ses libres convictions, jouisse de la libre et légitime faculté de changer d’idées, de convictions et aussi de pays, de conjoint.e, de nationalité, d’association, d’études, d’établissement d’enseignement, de travail, de profession, etc. – est un acte révolutionnaire qui réfute toute forme de régime dogmatique qu’il soit industriel, économique, technoscientifique, théocratique, militaire ou/et politique.
6. Depuis le 10 décembre 1948, les populations de la planète sont soumises à des régimes industriels, économiques, technoscientifiques, théocratiques, militaires et politiques d’une violence de plus en plus illimitée et qui ne cessent de détruire les libertés et les droits de personnes et des communautés ; face à cette évolution historique, à ce nouvel ordre industriel mondial, la préoccupation, la promotion et la défense des libertés fondamentales et des droits des êtres humains sont – en puissance et en acte – de plus en plus révolutionnaires.
De la foi en l’être humain
7. Le seul argument qui fonde un régime de libertés fondamentales et de droits humains universels est celui de la « foi en l’être humain » – voir le préambule de la Déclaration universelle des droits humains de 1948.
8. Les philosophies de l’existence qui fondent les philosophies politiques modernes et reposent sur le paradigme culturel d’un monde idéal et inaccessible, d’un âge d’or antique dont on s’éloigne à chaque génération, d’un paradis perdu, de la destinée humaine irréversible de l’humanité comme chute, corruption et décadence, l’apologie de la « fin du monde » ou la conviction morale – et si largement partagée – que l’être humain est « mauvais par nature », la croyance en un ordre « transhumaniste » susceptible d’extraire le mal et palier les faiblesses des êtres humains par les technosciences, la philosophie des élites et le mépris des populations qui lui est consubstantiel, toutes ces représentations du monde me paraissent, par essence, incompatibles avec l’esprit de solidarité et l’esprit d’espérance sur lesquels repose le paradigme culturel des libertés fondamentales et des droits universels de l’être humain.
9. La question principielle ne me parait donc pas d’évaluer si les sociétés-monde actuelles entendent reconnaitre et proclamer les libertés fondamentales et les droits inaliénables des êtres humains (dans de nombreux cas, elles le font) mais de savoir si elles sont fondées sur un paradigme culturel de la « foi en l’être humain» ou, autrement traduit, de la « fidélité au genre humain » ; ce qui se mesure à l’efficace de ces sociétés-monde dans la mise en œuvre et le respect de ces libertés fondamentales et de ces droits.
10. Les sociétés-monde qui proclament des libertés fondamentales et des droits humains sans mettre en œuvre les conditions qui permettent la réalisation pratique et le respect effectif de ces libertés et de ces droits, m’apparaissent comme des sociétés qui n’ont très probablement pas la foi en l’être humain et dont l’agir – évaluable – n’est pas défini par la fidélité au genre humain mais par d’autres critères industriels, économiques, technoscientifiques, théocratiques, militaires et/ou politiques.
11. Les questions subsidiaires qui émergent alors sont très multiples et requièrent un considérable travail social et culturel notamment pour chercher à déterminer ce que ces sociétés-monde (mais aussi ces états, ces régions, ces villes et communes, ces quartiers) devraient mener comme actions à grande échelle et de manière locale pour que cette « foi en l’être humain », cette « fidélité au genre humain », soit plus largement partagée par les communautés humaines, puisqu’elle apparait comme une sorte de condition « sine qua non » du développement, de la réalisation et du respect des libertés fondamentales et des droits humains.
12. Par conséquent, de mon point de vue : Travailler au développement du paradigme culturel des libertés fondamentales (y compris les libertés culturelles) et des droits humains (y compris les droits culturels) impliquent de travailler au développement d’une culture de la « Foi en l’être humain », de la « Fidélité au genre humain ». Comment fait-on cela dans le monde présent ?
13. Considérant l’évolution de l’ère nucléaire, depuis le 6 août 1945, il me semble que le développement de ces perspectives humanistes s’oriente dans des sens différents, voire éventuellement opposés à l’ordre industriel mondial, à son économie capitaliste, aux technosciences qu’il a assujetties, aux théocraties, aux ordres militaires, aux conduites policières et politiques actuelles.
Du libéralisme
14. Depuis le 6 aout 1945, c’est-à-dire depuis le début de l’ère nucléaire, les dirigeant.e.s du système industriel mondial se présentent sous le masque du libéralisme ; ils ornent leurs manteaux des paillettes du libéralisme, de leur scintillement. Considéré de leur point de vue, cela leur confère une légitimité philosophique et les relie – de manière pas trop contraignante aux principes des libertés et aux droits fondamentaux, voire-même à la théorie de la démocratie. C’est de bonne guerre ! Et la guerre, ils connaissent. C’est leur métier. La condition de leur développement. Leur métier premier. Mais cela ne nous oblige, en aucune manière ni à y croire ni à en convenir.
15. Ils financent aussi des centres de recherche en économie, en gestion et en stratégie industrielles, auprès des plus grandes universités de la planète, afin d’élaborer l’argumentation qui permette l’actualisation des théories du libéralisme, aux besoins de leur développement industriel moderne et de leurs dominations des populations, réduites au « marché ». C’est un travail très sérieux, un investissement prioritaire et magistral. Il est central et non marginal. Les enjeux de ces actualisations successives de la notion de libéralisme sont vitaux pour le développement industriel. Il s’agit de créer des concepts crédibles, légitimant et rassurant, tant auprès des actionnaires que des administrations publiques et des gouvernements. C’est un travail méticuleux de perversion du langage, de publicité, de fake-news acceptables, pour arriver à créer une image positive et établir une bonne conscience industrielle, tout en autorisant des concentrations de pouvoir et des violences économiques, non seulement sur les populations mais également sur les gouvernements et les services publics, de plus en plus absolues.
16. De manière transnationale, ces centres de recherche universitaires ont créé le concept de « néo-libéralisme », à partir des années 1990, pour scinder l’évolution du concept de libéralisme industriel de ses sources originelles, c’est-à-dire du libéralisme politique et juridique, hérité de l’humanisme des Lumières. Ainsi, le néolibéralisme permet d’autonomiser la pensée du libéralisme industriel, de la gangue des libertés fondamentales et des droits humains. C’est aussi une révolution ! Le « néo-libéralisme » permet de métamorphoser le principe d’égale liberté en principe de liberté absolue.
17. Aujourd’hui de très nombreux intellectuel.le.s, chercheur·euses en sciences politiques, commentateur·ices, syndicalistes, animateur·trices culturel·les ou sociales·ux, acteur·ices du monde politique de la gauche dite « progressiste » ont validé ces conceptions, produites à la demande et au bénéfices du système industriel mondial. Ils ou elles leur donnent crédit. Ils ou elles les emploient comme des outils qu’ils mettraient à leur disposition. Ils ou elles décrivent l’état du monde tel qu’il est observable, aujourd’hui (inégalités sociales, destruction de la planète, surconsommation, etc.) comme s’il était le produit et le résultat du libéralisme, incarné par le système industriel mondial. Certains commentateurs utiliseront même les notions de « libéralisme inégalitaire » ou de « libéralisme totalitaire » comme si la notion de libéralisme n’était plus du tout adossée à la notion de libertés ou de droits.
18. Il résulte de cette adhésion, très majoritairement admise, que le système industriel mondial a confisqué, depuis 1990, la pensée relative au libéralisme et que la gauche, les mouvements culturels et sociaux, progressistes, se sont démobilisés de la pensée et de l’actualisation des théories du libéralisme, aujourd’hui. Et non seulement, ils ou elles ont renoncé à investir la pensée du libéralisme dans le sens de l’égale liberté mais, plus encore, aveuglés par les définitions du libéralisme qui ont été produites au bénéfice du système industriel mondial, ils ou elles sont devenu.e.s radicalement « anti-libéral » : parce que le libéralisme c’est le mal sur terre !
19. Je ne partage pas ces opinions parce que je suis amené à penser que la question essentielle, aujourd’hui, pour le système industriel mondial, c’est précisément la liquidation de toute forme de libéralisme politique et juridique. à terme, ce sera probablement aussi la liquidation de toute forme de libéralisme économique. Marcuse avait très bien analysé la situation dans le milieu des années trente ; mais le parallélisme s’arrête là parce que les industries nazies n’avaient pas la même puissance de domination qu’aujourd’hui.
20. J’estime que la situation vécue par les populations de la planète, soumises au système industriel mondial actuel, ne relève pas du tout d’un quelconque « libéralisme » (qui joue la fonction d’un habillage, d’un leurre, pour abuser les braves gens) mais caractérise plus certainement un absolutisme industriel. Et nous pouvons observer presque chaque jour, que cet absolutisme industriel mondial a des prétentions et des pratiques de plus en plus totalisantes (contrôler toutes les dimensions de la vie de tous les êtres humains), voire même totalitaires (se substituer à la souveraineté de chacune et de chacun dans les décisions qui le ou la concerne). Il n’y a pas de totalitarisme libéral parce que le totalitarisme industriel est exactement le contraire du libéralisme.
21. En outre, je voudrais attirer l’attention sur les faits suivants :
d’une part et de mon point de vue, il n’appartient certainement pas au système industriel mondial de définir unilatéralement ce que c’est que le libéralisme ; cette liberté de qualifier les régimes appartient à toutes et à tous ; il n’est pas du tout acceptable que le système industriel mondial finance un travail permanent universitaire et des campagnes médiatiques quotidiennes afin de corrompre et de pervertir une philosophie libérale qui doit rester le lieu de nos réflexions et de nos conceptions de l’égale liberté, de l’égale dignité, qui est notre héritage, à nous les habitant·es de cette planète ;
d’autre part et toujours de mon point de vue, il n’appartient pas à la gauche sociale de renoncer à investir la pensée en matière de théorie du libéralisme juridique, politique, social et économique ; c’est inacceptable et il faut débattre ensemble pour voir comment reprendre la main relativement à cet objet de nos réflexions.
22. Ainsi et sur la base de ces remarques sommaires, il m’apparait assez clairement, à l’esprit, que pour travailler au développement d’un paradigme culturel des libertés fondamentales et des droits humains universels, c’est-à-dire et y compris en matière de libertés culturelles et de droits culturels ; il nous appartient préalablement de reprendre la main sur les théories du libéralisme3. Ce qui suppose une transformation magistrale des imaginaires qui, à gauche, considèrent le libéralisme conformément à ce qu’en prétend et en abuse le système industriel mondial.
Des droits culturels
23. Je réitère mon analyse : je pense qu’en prenant pour titre l’expression « droits culturels » plutôt que l’expression « libertés culturelles », la Déclaration de Fribourg a mis la charrue avant les bœufs ! Je ne suis pas juriste. Dans ma petite pensée personnelle, l’essentiel de ce qu’il faut pouvoir mettre en œuvre, réaliser et respecter, en cette matière, ce sont bien nos libertés culturelles. Le droit est – à mes yeux et dans mon esprit simpliste – le moyen d’exercer et de garantir l’usage de ces libertés. Donc en appelant la Déclaration de Fribourg, « Déclaration sur les droits culturels », j’ai l’intime conviction que les rédacteurs ont mis en lumière le moyen plutôt que les principes éthiques et juridiques les plus fondamentaux et les plus essentiels.
24. Je plaide donc pour que le titre de la Déclaration soit modifié en : « Déclaration de Fribourg pour les libertés culturelles » ! Il sera probablement utile de relire minutieusement le texte de la déclaration pour l’actualiser à ce nouveau titre mais je ne crois pas que cela va entrainer de grands chambardements. Simplement, la Déclaration va se retrouver sur ses bases les plus essentielles pour rayonner dans le monde. Il faudra peut-être préciser qu’il s’agit de la voie culturelle vers une égale liberté qui doit permettre à chacune et à chacun de se réaliser sur la voie d’une culture de la libre et égale dignité.
1. La présente contribution personnelle est rédigée dans le cadre du chantier des « dramaturgie du XXIème siècle » de l’association ARSENIC 2, en collaboration avec Claude Fafchamps.
2. L’expression « révolution des droits de l’homme » est mobilisée par Marcel GAUCHET dans l’ouvrage éponyme, La révolution des droits de l’homme paru chez Gallimard en 1989. Le texte reconstitue le moment de gestation des dix-sept articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen arrêtés par l’Assemblée nationale constituante en France le 26 aout 1789. Cette reconstitution permet de souligner à la fois caractère révolutionnaire de reconstruction d’une société sur base de la liberté et de l’égalité, ainsi que tous les conflits et contradictions qui seront inséparables dans les suites du texte.
3. Par exemple, je trouve le concept de « commun » développé par Pierre Dardot et Christian Laval – dans leur titre éponyme Commun : essai de révolution au XXIe siècle, paru chez La Découverte en 2014 – mériterait une approche contradictoire, dans le cadre de ce réinvestissement porté à la théorie du libéralisme.
Cet évènement a été l’occasion de rassembler chercheur·ses, travailleur·ses sociaux·les et culturel·łes, militant·es et activistes en nombre pour échanger autour des droits humains, en particulier sur les droits sociaux, économiques et culturels. Une journée bien riche en réflexion et partage dont nous relayons ici les vidéos des différents moments disponibles sur le site d’Amnesty. Tout d’abord, le moment consacré aux enjeux actuels des droits culturels; ensuite ceux abordant la complémentarité, la justiciabilité et les politiques des droits sociaux, économiques et culturels; enfin, ceux qui questionnent les régimes fiscaux, la responsabilité des entreprises et les politiques néolibérales au regard des droits humains.
A partir de la Déclaration de Fribourg et des droits culturels, il a ainsi été question de pouvoir d’agir en termes de droits et de ressources et ce, par le prisme du droit à l’éducation et à la formation pour permettre la connaissance et la reconnaissance de l’individu, des collectifs et de leurs savoirs. En ce sens, a été explicitée l’enjeu d’une définition plus large de la culture au-delà des arts et du patrimoine, dans l’optique d’un accès et d’une participation à la vie culturelle, tant pour un individu que pour un groupe, seul ou en commun. Les droits culturels désignent donc les droits, libertés et responsabilités pour une personne, seule ou en commun, de choisir et d’exprimer son identité et de participer aux références culturelles, comme autant de ressources qui sont nécessaire tout au long de sa vie à son processus d’identification, de communication et de création. Au passage, cela indique la centralité des droits culturels pour aborder les autres droits humains, pensons aux droits à la santé à comprendre depuis les enjeux propre à la diversité.
Dans le contexte de la recherche participative menée par la Plateforme, une pluralité d’enjeux ont été exposés:
A travers l’histoire des politiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles, il est évidemment question d’enjeux politiques sur ce qui fait matière culturelle et d’enjeux financement par le biais de la subsidiation.
Dans le secteur des centres culturels avec le décret du 21 novembre 2013, se pose des enjeux propres aux référentiels à partir desquels les travailleur·ses des centres culturels doivent développer des projets d’action culturelle mais aussi évaluer ces actions. Au passage, le décret rend possible d’autres modes de gouvernance avec la participation tant des pouvoirs politiques locaux que des citoyen·nes dans les projets menés, ainsi que d’autres possibilités d’organisation du travail pour les équipes.
Dans le cadre de la recherche à proprement parler, l’enjeu majeur tient à l’observation et l’évaluation de l’effectivité des droits culturels et ce, tant par le prisme des populations qui exercent ces droits qu’à travers les projets que les centres culturels mènent avec celles-ci. Sur cette base, se dégage des enjeux repris dans les dernières publications qui sont propres au langage et à la traduction des référentiels notamment, des enjeux propres au temps et au plaisir nécessaires pour œuvrer à l’effectivité des droits culturels, des enjeux en termes de responsabilité des secteurs et des politiques culturelles, ainsi que de plaidoyer en faveur des droits culturels comme l’atteste la boussole des droits culturels dans le rapport Un futur pour la culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Voici la vidéo qui reprend et prolonge les échanges (cliquez sur l’image):
Complémentarité, Justiciabilité et Politiques des droits Sociaux, économiques et culturels
L’exposé part ainsi de ces différentes catégories de droits qui, bien que distingués en droits-libertés, droits-créances et droits-solidarité ou en différentes générations, restent perméables les uns aux autres. En atteste la conférence de Vienne de 1993 qui stipule que tous les droits humains sont universels, interdépendants et indissociables, traités de façon équitable et équilibrée, sur un pied d’égalité, en accordant la même importante. Des distinctions tiennent à des différences de mise en œuvre entre ces droits, quoique des liens intimes tiennent ces droits ensemble. Un exemple: pensons à ce que les droits civils et politiques ne s’effectuent pas dans un vide mais bien dans des contextes et milieux sociaux, économiques et culturels.
Voici la vidéo qui poursuit les échanges sur cette base (cliquez sur l’image):
Avec Diane Roman, professeure de droit public et juriste, Laurent Fastrez, juriste à l’Institut fédéral des droits humains, et Laurent Deutsch, responsable activisme et éducation aux droits humains chez Amnesty International Belgique francophone, un temps a permis d’aborder la question de la « justiciabilité » des droits économiques, sociaux et culturels. Pendant longtemps, ces droits sont restés programmatiques mais l’on assiste aujourd’hui à des reconnaissances progressives de ces droits dans les cours et tribunaux en vue de garantir les conditions effectives pour assurer ces droits. S’est notamment posé toute la problématique du non-recours à ces droits et les possibilités d’en jouir ou non.
Voici la vidéo qui reprend les échanges (cliquez sur l’image):
Voici la vidéo qui reprend les échanges (cliquez sur l’image):
Deux documentaires ont permis d’exposer et d’aborder des questions propres aux droits humains, en partant notamment de situations liées aux droits du travail pour venir aux autres droits fondamentaux.
The Workers Cup d’Adam Sobel (2018) :
La vie d’une petite culotte de Stéfanne Prijot (2019):
Au niveau international, les 7, 8 et 9 décembre derniers, a eu lieu à Bruxelles le dernier module de la formation-action Paideia du Réseau Culture 21, organisée sur place par la Plateforme d’observation des droits culturels et l’Astrac. La thématique de ce module portait sur le plaidoyer en faveur des droits culturels.
Les participant·es franco-belges ont pu échanger sur l’avancée de leur démarche locale respective ici en Fédération Wallonie-Bruxelles avec la Plateforme d’observation des droits culturels et l’Astrac, ainsi qu’à Rouen, Dunkerque, en Essonne, à Nantes, en région Auvergne-Rhône Alpes, en Drôme, à Lyon, à Paris.
Des participant·es externes belges ont été invité·es dans le cadre d’un forum ouvert autour des pratiques en matière de droits culturels. Les échanges d’expériences entre Belgique et France ont été riches et variés, qu’il s’agisse des enjeux de mobilisation et de culture commune autour des droits culturels, de la question de l’impact et de l’évaluation de l’effectivité des droits culturels, des tensions entre management et droits culturels, etc. Le lendemain, des exposés autour du plaidoyer, de l’interdépendance et l’indivisibilité des droits fondamentaux ont été partagés par Mylène Bidault et Patrice Meyer-Bisch de l’Observatoire de la diversité et des droits culturels à Fribourg, ainsi que Dragana Korljan qui officie au Haut-Commissariat des Droits humains aux Nations Unies à Genève. Des ateliers thématiques autour des dimensions culturelles des autres droits humains ont été déployés avec des interventions de Laurence Cuny et Jean-Pierre Chrétien-Goni autour des libertés artistiques, de Magali Ramel autour des droits à l’alimentation, d’Anne-Catherine Lorrain autour du numérique et des biens communs, de Christine Mahy autour de la grande pauvreté et l’accès aux droits de base, de Basil Gomes autour du droit à l’identité linguistique et culturelle des personnes sourdes.
Le mercredi 7 en soirée, les participant·es ont pu écouter des chargé·es de projet du centre culturel de Forest, le Brass, et du centre culturel d’Evere, l’Entrela’. L’occasion a été prise pour partager autour d’actions visant à plus grande effectivité des droits culturels que ce soit Ecran total avec des jeunes et en milieu numérique au Brass, ou le Quartier durable City Zen avec des citoyen·nes autour d’un potager collectif avec l’Entrela’.
Avec cette dimension internationale, nous croisons la dimension locale du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans lequel s’inscrit la Plateforme avec la recherche participative menée avec les Centres culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour insister sur le plaidoyer pour les droits culturels et à la suite de notre article « Les droits culturels au coeur des politiques culturelles? » et du rapport « Un futur pour la culture » de juillet 2020, nous reprenons en ce sens le discours que Mme Bénédicte Linard, Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles a énoncé lors de la journée de l’éducation permanente ce vendredi 21 octobre 2022 à la Marlagne. Ce discours appuie l’importance des droits culturels et leur diffusion à travers les politiques culturelles des différents secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en particulier l’éducation permanente. Un bel exemple de plaidoyer en faveur des droits culturels !
« Bonjour à toutes, bonjour à tous,
La dernière « Journée de l’éducation permanente » a eu lieu en 2014. Il y a donc presque 10 ans. En une décennie, notre monde, notre société a été radicalement bouleversée.
Peu d’entre nous auraient pu il y a 10 ans prévoir la crise sanitaire que nous avons traversée et qui nous a toutes et tous profondément marqués. Qui aurait pu imaginer qu’elle serait suivie d’une invasion de la Russie en Ukraine, engendrant une crise énergétique inédite.
Crise sociale, crise démocratique, crise climatique… Ces crises successives ont un impact majeur sur notre société, sur nos relations aux autres, sur notre démocratie, sur notre « vivre ensemble ». Elles nous obligent à redéfinir nos priorités, elles nous obligent à repenser notre rapport aux autres et au monde. Non, on ne peut pas continuer à faire « comme on a toujours fait ».
Je sais que beaucoup d’entre vous attendaient cette journée. Je suis convaincue que le secteur avait ce besoin de se réunir, de « faire corps« ensemble. Une rencontre « en vrai », loin des écrans, qui permet ces échanges informels et pourtant oh combien importants. C’est le premier objectif de cette Journée.
C’est la première fois que cette journée est organisée grâce à une collaboration entre le Service, la Fédération sectorielle (FESEFA), le Bureau du Conseil Supérieur de l’Éducation Permanente et l’Inspection. J’ai eu l’écho d’une bonne ambiance de travail. Je me réjouis de cette belle collaboration et félicite les organisatrices et les organisateurs pour le riche programme de cette journée !
Cette Journée a aussi été conçue dans la perspective de l’organisation d’une seconde, « en rebond » à celle-ci, l’an prochain. Il ne faudra donc pas attendre 10 ans pour nous retrouver. C’est plutôt une bonne nouvelle !
Franck Lepage, dans sa conférence gesticulée « L’éducation populaire, monsieur, ils n’en ont pas voulu » raconte comment, en France, l’éducation populaire a été exclue du Ministère de la Culture et ce dès sa création.
Ce n’est pas le cas en Fédération Wallonie Bruxelles, et c’est une très bonne chose !
Cela signifie que la critique de la société, la critique du pouvoir, les luttes sociales, politiques, environnementales ont une dimension culturelle. Cette présence de l’éducation permanente au sein de mes compétences de ministre de la Culture signifie que la culture de la démocratie est une des fonctions essentielles des politiques culturelles.
Vous le savez mieux que moi, l’Éducation permanente est un des secteurs culturels qui est le plus en contact avec les autres politiques publiques – le logement, la santé, le milieu carcéral, le travail social, l’alimentation, l’enseignement, l’environnement, – et ce secteur est traversé par des questions de société majeures : les luttes contre les discriminations, la décolonisation, la lutte contre la pauvreté…
L’Éducation permanente a, en quelque sorte, unpied dans la culture et un pied dans les autres politiques publiques, ce qui lui donne la capacité de ramener au centre des préoccupations de l’ensemble des secteurs culturels, les luttes, les combats de l’ensemble de la société… Et, de la sorte, garantir que jamais le secteur culturel ne « sera hors sol », que jamais la fonction des politiques culturelles ne soient simplement celles de « vernir » et cacher les rugosités, les aspérités, les conflits de notre société. Ces rugosités, ces aspérités, ces conflits doivent être « apparents », ils doivent être abordés, questionnés, débattus et mis en lumière pour que la démocratie fonctionne.
L’Éducation permanente est fondamentalement un secteur de « contre- pouvoir », il permet que le pouvoir politique ait face à lui des interlocutrices et interlocuteurs structurés, vigilants, issus de la société civile.
L’Éducation permanente consolide, renforce, arme la société civile, le tissu associatif, augmente ses capacités d’expression. En ce sens il est aussi une réponse à la crise de la représentativité et de la confiance envers le monde politique que traverse nos systèmes démocratiques.
Au sein de l’éducation permanente, chacun est reconnu comme autrice et auteur de changement, et ce secteur fait vivre un espace de débat entre les citoyennes, les citoyens et les décideurs politiques.
J’invite donc les associations d’Éducation permanente à chercher toujours plus le contact et à travailler dans le cadre de partenariats avec d’autres opérateurs culturels et à y infuser leurs logiques d’action participative. Chacun a à y gagner.
La présence de la présidente du Conseil supérieur de l’éducation permanente au Conseil Supérieur de la Culture vise à établir cette porosité entre le secteur de l’EP et les autres secteurs de la culture qu’on a eu trop tendance à séparer. Et je salue d’ailleurs la présence aujourd’hui de la vice-présidente du CSC, un indice qui montre que cette transversalité, ce décloisonnement, devient concret.
Mon souhait, c’est de voir naitre toujours plus de partenariats et de transversalité entre des associations d’éducation permanente et des bibliothèques, des musées, des théâtres, des compagnies, des artistes, etc. C’est ce qui a été proposé par les deux appels à projet “Un futur pour la culture” ouverts à tous les acteurs culturels, y compris l’éducation permanente.
Je le disais, l’éducation permanente entre pleinement dans les politiques culturelles, et en tant que Ministre de la Culture, je veux marquer mon action en œuvrant à décloisonner ce secteur culturel.
Outre la question de la transversalité, vous le savez, depuis que je suis Ministre de la Culture, la question de l’accès à la culture est aussi une de mes priorités.
Mais cette question – et c’est important ! – je ne l’aborde pas uniquement comme l’accès à des spectacles, des expositions, des concerts, via un travail de médiation. Il est en effet essentiel que cet accès à la culture soit entendu comme une participation, comme un accès aux moyens d’expression culturelle pour le plus grand nombre et notamment pour les personnes minorisées.
Je terminerai en rappelant qu’il y a en Belgique francophone une véritable culture de l’Éducation permanente, un héritage, un ancrage que beaucoup nous jalousent. Cet héritage, nous devons en être fiers et le valoriser.
L’éducation permanente est à mes yeux un enjeu primordial dans notre démocratie, et elle a toute sa place au cœur de nos politiques culturelles. Travailler « au rapprochement entre les lieux de décision et les personnes », c’est d’ailleurs en ces termes que le Conseil Supérieur de l’Éducation permanente identifie la mission des associations d’Éducation permanente. C’est aujourd’hui un enjeu démocratique majeur, dans un contexte où il nous faut recréer du lien, au sein de la société, ainsi qu’entre les citoyennes et citoyens et le monde politique, face aux nombreuses crises et enjeux actuels majeurs.
Je vous remercie. »
Bénédicte Linard, ministre de la Culture et vice-Présidente du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Le dialogue sera l’occasion d’exposer les enjeux fondamentaux de la Déclaration de Fribourg en termes de droits culturels et de plaidoyer tant au niveau international que local, et ce, au même titre que les autres droits humains fondamentaux.
Nous reviendrons également sur la situation en Belgique francophone, notamment par le biais de la recherche participative menée par la Plateforme d’observation des droits culturels avec les Centres culturels autour de leur décret de 2013 faisant de multiples références explicites aux droits culturels.
Modération: Maryse Hendrix, coordinatrice culture chez Amnesty
Samedi 17 septembre 2022
de 14h à 15h30
Université de Namur, 94 rue de Bruxelles à 5000 Namur
Ouverte à tous·tes mais inscriptionobligatoire et contribution de 5 à 10€.
Les droits culturels sont depuis quelques années de plus en plus mobilisés dans les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Recommandés comme boussole pour orienter l’action, cités en marge de rapports ou encore placés au centre de décrets, où et comment en parle-t-on ? Est-ce pour autant que les droits culturels se trouvent véritablement au cœur des considérations politiques ?
Cet article fait partiellement le point sur la situation.
Pour une analyse plus poussée, se référer notamment aux volumes 8, 9 et 10 du magazine Repères de l’Observatoire des politiques culturelles.
1. Un futur pour la culture
Le rapport Un futur pour la culture, a été publié dans le courant de l’été 2020 afin de proposer des pistes concrètes en vue du redéploiement de la culture en Fédération Wallonie Bruxelles. Il s’agit de développer, à bref délai, des solutions politiques innovantes pour faire face à la crise causée par le confinement dans le secteur culturel, d’en organiser le redéploiement et d’expérimenter de nouvelles politiques. Ce groupe de réflexion présidé Par Céline Romainville (UCLouvain) et Philippe Kauffmann (Mons Arts de la scène) réunit une cinquantaine de personnes : expert·es, artistes, créateurs et créatrices, acteur·ices du monde associatif, responsables d’institutions et de lieux de création et de diffusion…
Ce plan de relance prend comme boussole les droits humains, et en particulier la protection et la promotion des droits culturels. Il est articulé autour de trois axes prioritaires: le soutien à la création, le soutien à la médiation et à la participation culturelle et le numérique. Pour chaque axe, sont d’abord détaillés les points d’attention prioritaire et, ensuite, des propositions d’opérationnalisation. Les six points d’attention transversaux sont: la transversalité, le décloisonnement et la perméabilité ; une nouvelle gouvernance ; le temps et la recherche ; la proximité et l’ancrage territorial ; l’égalité et la non-discrimination dans l’accès à la création, l’accès et la participation à la vie culturelle ; la soutenabilité.
Un futur pour la culture, 13/07/2020, p. 4, « L’égalité et la non-discrimination dans l’accès à la création, l’accès et la participation à la vie culturelle » :
Il faut garantir les droits culturels des artistes, publics et professionnels invisibilisés, mettre en œuvre le droit à l’expression artistique et le droit de participer à la vie culturelle pour toutes et tous, sans distinction fondée sur l’origine ethnique, la prétendue race, le contexte socio-culturel, le genre ou le handicap. Ceci implique notamment de lever les obstacles qui se dressent encore pour les artistes et professionnel.le.s non-blanc.he.s et pour les femmes dans le milieu professionnel (par l’élaboration de mesures concrètes et contraignantes relatives à l’engagement et l’inclusion d’artistes et professionnel.le.s femmes et non blanch.e.s) et la mise en place de mesures concrètes pour l’accès de tous les publics à des propositions culturelles reflétant une diversité de conception de la vie et de représentations du monde.
p. 32, Chapitre 7. « Lutte contre toute forme d’exclusion » :
Le Gouvernement réaffirme que la Fédération Wallonie-Bruxelles est une entité accueillante et veillera à le garantir en luttant contre toutes les causes d’exclusion.
L’analphabétisme, qui touche une personne sur dix, doit être combattu et des dispositions prises pour éviter de creuser les inégalités dans l’accès à l’information. Les nouvelles technologies seront au service des usagers de tous les services publics, pour garantir l’accès au droit, à la culture, aux médias, etc.
Le Gouvernement soutiendra les actions de prévention pour les jeunes en difficulté par la participation, la citoyenneté, la culture, le sport, etc.
Le Gouvernement poursuivra l’accueil et l’hébergement des enfants pour lesquels ce besoin est nécessaire, quel que soit leur statut. Il veillera notamment à l’accueil et la scolarisation des primo-arrivants.
p. 40 :
À cet égard, le Gouvernement s’engage à:
Assurer à toutes les personnes vivant en Fédération Wallonie-Bruxelles d’exercer pleinement leurs droits culturels, dès le plus jeune âge, dans les milieux d’accueil et à l’école au travers du parcours d’éducation culturelle et artistique (PECA) ;
Offrir une éducation culturelle et artistique pour toutes et tous tout au long de la vie (via le parcours d’éducation culturelle et artistique, dans les milieux d’accueil, dans l’enseignement obligatoire, dans les académies, dans les écoles supérieures des arts, par la pratique en amateur, dans les maisons de jeunes, dans les AMO, etc.) ;
Renforcer la coopération volontaire entre les réseaux scolaires et culturels et adapter le transport et les horaires afin d’inciter à la généralisation du PECA ;
Valoriser les spécificités de l’action associative critique et active ainsi que renforcer l’éducation permanente dans son rôle capital en matière de participation citoyenne et de démocratie culturelle ;
Renforcer l’accès à la culture pour tous notamment à travers l’accessibilité financière des activités culturelles (avec un accent sur les publics scolaires), l’accessibilité en transports en commun, l’accessibilité physique des bâtiments, l’accessibilité renforcée pour les personnes déficientes sensorielles, en veillant à ce que chacune et chacun puisse franchir la porte des lieux culturels et participer activement aux pratiques culturelles, artistiques et créatives.
Le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles du 21 novembre 2013 relatif aux Centres culturels place les droits culturels au cœur de leurs missions.
Les droits culturels y sont définis dans son Article 1er :
Droit à la culture : au sein des Droits humains, l’ensemble des droits culturels tant en termes de créances que de libertés, individuelles et collectives, comprenant notamment :
la liberté artistique, entendue comme la liberté de s’exprimer de manière créative, de diffuser ses créations et de les promouvoir ;
le droit au maintien, au développement et à la promotion des patrimoines et des cultures ;
l’accès à la culture et à l’information en matière culturelle, entendu comme l’accès notamment économique, physique, géographique, temporel, symbolique ou intellectuel ;
la participation à la culture, entendue comme la participation active à la vie culturelle et aux pratiques culturelles ;
la liberté du choix de ses appartenances et référents culturels ;
le droit de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques et programmes, et à la prise de décisions particulières en matière culturelle.
Ainsi que dans son Article 2 :
Le présent décret a pour objet le développement et le soutien de l’action des centres culturels afin de contribuer à l’exercice du droit à la culture des populations, dans une perspective d’égalité et d’émancipation.
L’action des centres culturels : 1° augmente la capacité d’analyse, de débat, d’imagination et d’action des populations d’un territoire, notamment en recourant à des démarches participatives ; 2° cherche à associer les opérateurs culturels d’un territoire à la conception et à la conduite d’un projet d’action culturelle de moyen et long termes ; 3° s’inscrit dans des réseaux de coopération territoriaux ou sectoriels.
L’action des centres culturels contribue à l’exercice du droit à la culture et plus largement, à l’exercice de l’ensemble des droits culturels par tous et pour tous dans le respect de l’ensemble des droits humains.
L’action des centres culturels favorise le plaisir des populations de la découverte culturelle par les pratiques qu’ils déploient.
Les droits culturels ont également une place de choix dans le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles du 17 juillet 2003 relatif au développement de l’action d’Éducation permanente dans le champ de la vie associative modifié le 14 novembre 2018 (mis à jour le 24/12/2020).
Son Article 1er énonce :
Le présent décret a pour objet le développement de l’action d’éducation permanente dans le champ de la vie associative visant l’analyse critique de la société, la stimulation d’initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l’exercice des droits civils et politiques, sociaux, économiques, culturels et environnementaux dans une perspective d’émancipation individuelle et collective des publics en privilégiant la participation active des publics visés et l’expression culturelle.
Cet objet est assuré par le soutien aux associations qui ont pour objectif de favoriser et de développer, principalement chez les adultes : a) une prise de conscience et une connaissance critique des réalités de la société; b) des capacités d’analyse, de choix, d’action et d’évaluation; c) des attitudes de responsabilité et de participation active à la vie sociale, économique, culturelle et politique.
La démarche des associations visées par le présent décret s’inscrit dans une perspective d’égalité et de progrès social, en vue de construire une société plus juste, plus démocratique et plus solidaire qui favorise la rencontre entre les cultures par le développement d’une citoyenneté active et critique et de la démocratie culturelle.
La Plateforme se réjouit de ces références aux droits culturels et espère encore les voir se multiplier à l’avenir, au point de constituer un nouveau référentiel des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Que se passe-t-il en matière de droits culturels en Fédération Wallonie-Bruxelles et ailleurs ? Vous trouverez ici les dernières recherches, formations, évènements et publications concernant les droits culturels.
La Plateforme relaie cet article d’Alter Échos autour de pratiques culturelles menées par Laurent Bouchain en milieu de soin, à l’Écheveau. Une piste pour cultiver les relations entre culture et pratiques de santé, pour explorer les dimensions culturelles des droits fondamentaux. Ainsi, inscrire la culture comme dimension à part entière d’un institut psychiatrique. C’est…
Une contribution personnelle de Roland de Bodt sur le caractère révolutionnaire des droits humains en termes de liberté et d’égalité. Il problématise la mise en œuvre de ces libertés fondamentales à partir des formes actuelles totalisantes, voire totalitaires, qu’en donne le système industriel mondial. Sur cette base, Roland de Bodt en appelle à se…
L’Université d’été d’Amnesty a rassemblé la société civile pour échanger autour des droits humains. Un moment a ainsi été consacré aux enjeux actuels des droits culturels par Patrice Meyer-Bisch, Maryse Hendrix et Thibault Galland.
En faveur d’un plaidoyer pour les droits culturels, la Plateforme d’observation des droits culturels croise les dimensions internationale et locale: d’une part, en suivant la formation-action Paideia du Réseau Culture 21 et d’autre part, en menant une recherche participative avec les centres culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles autour de l’effectivité des droits culturels.
Un troisième temps de rencontre et d’échange, de découverte et d’approfondissement pour (mieux) s’emparer de notions fondamentales travailler leur mise en pratiques, partager l’univers qu’elles représentent.
Un retour et des outils de la 3e Grande Rencontre du Cycle Cultiver les droits culturels de la Plateforme et l’Astrac. Un pas de plus pour faire culture commune autour des droits culturels !
Dans le cadre de l’Université d’été 2022 d’Amnesty International Belgique Francophone, consacrée aux droits économiques, sociaux et culturels, Patrice Meyer-Bisch et La Plateforme d’observation des droits culturels sont invités à échanger autour des enjeux actuels pour les droits culturels.
À l’occasion de la parution du livre Cent ans d’associatif en Belgique… Et demain ? Le Collectif 21, Culture & Démocratie et la librairie Météores vous invitent à une soirée de discussion sur les dynamiques associatives et tout particulièrement celles des lieux de soin et de santé.
La Plateforme a été invitée à contribuer à Santé Conjuguée, la revue de la fédération des maisons médicales à l’occasion de son 40e anniversaire. L’article présente une généalogie des droits culturels visant à tisser des liens avec les secteurs du soin et de la santé.
A l’occasion du 15e anniversaire de la Déclaration de Fribourg, la Plateforme d’observation des droits culturels s’est rendue à l’Université de Fribourg pour participer aux deux journées consacrées à ce texte de référence en matière de droits culturels. Bon nombre de professionnel·les de ces matières juridiques ainsi que des secteurs culturels, sociaux et administratifs…
Profitant de la journée « Parlez-vous droits culturels? » du 13/12/2021, Paul Biot revient sur l’histoire des droits culturels en FWB et des perspectives possibles pour les praticien·nes et théoricien·nes.
Faisant suite au premier volet du cycle de rencontres « Cultiver les droits culturels – Expérimenter Paideia #1/ Explorer, défricher : Introduction aux droits culturels » initié par l’ASTRAC et la Plateforme d’observation des droits culturels (Culture & Démocratie) le 16 novembre 2021 aux Abattoirs de Bomel à Namur, nous avons le plaisir de vous convier…
La recherche participative mise en place ces trois dernières années par la Plateforme d’observation des droits culturels en collaboration avec huit centre culturels touche à sa fin. Nous vous invitons à venir échanger sur ses conclusions et ouvertures à d’autres pistes de recherche mais aussi à découvrir d’autres démarches qui se questionnent également sur…
Paul Biot revient sur deux expériences de formation aux droits culturels dispensées en visio-conférence. Une série de problématiques et de questions essentielles ont été soulevées par les participant·es.
Virginie Cordier et Thibault Janmart reviennent sur les trois concerts de Quentin Dujardin qui ont eu lieu au centre culturel La Vénerie pendant le confinement. Quelles sont les implications d’une telle action en matière de droits culturels et de responsabilités ?
L’exercice des droits culturels, à l’image de celui des autres droits humains fondamentaux, constitue une des conditions de la démocratie. Il est donc opportun de mieux connaître et appréhender ces éléments essentiels du rôle de citoyen·ne pour, ensuite, s’en saisir et les exprimer pleinement.
Plus d’un an après le début de la pandémie de Covid-19, les réponses gouvernementales ont peu changé : restriction des libertés individuelles et collectives et mesures manquant leur objectif de solidarité face à une crise sanitaire mondiale qui touche plus violemment les plus précaires. L’«abandon » du monde/secteur culturel est le symptôme de l’abandon plus large…
Le mouvement Still Standing invite les travailleur·ses de la culture, les citoyen·nes et les représentant·es politiques à réfléchir et agir pour défendre et réanimer le secteur culturel, à l’arrêt depuis un an.
Une publication de PointCulture et Culture & Démocratie qui revient sur « l’essentiel », y compris les droits culturels, malmené par la crise du Covid.