
Le détail de la méthodologie de recherche de la convention 2019-2021 présentée ci-dessous est développée davantage dans le Rapport intermédiaire de recherche 2019-2021. La méthodologie de la recherche 2022-2023 explicitée ci-dessous sera développée dans le rapport intermédiaire à paraître courant 2023.
1. La co-construction
La volonté initiale de cette recherche participative est d’aborder les droits culturels à partir de pratiques professionnelles de terrain afin de mettre les aspects théoriques des droits culturels à l’épreuve du réel. Les acteur·ices de terrain, qui œuvrent concrètement à un meilleur exercice des droits culturels des populations, possèdent une expertise empirique de ces droits qui mérite d’être valorisée. Pour ce faire, il convient de questionner diverses expériences et de multiplier les points de vue sur la question, d’où l’évidence de mettre en place une recherche participative, à la méthodologie co-construite.
- La première étape de cette co-construction se réalise au sein même du comité de pilotage de la Plateforme, où sont esquissées les bases d’une méthodologie, retravaillée et adaptée à chaque nouvelle étape de travail.
- La deuxième étape de cette co-construction se trouve dans le travail réalisé avec les centres culturels partenaires. Après rencontre de ceux-ci, sont planifiés autour d’actions menées par les centres culturels au moins trois temps de suivis et d’analyses conjointes : avant, pendant et à la clôture de l’action, voire la poursuite de cette action. Tout au long du suivi, il y a mise en commun et échanges autour des pistes de recherche à travers des entretiens approfondis. L’objectif global est l’élaboration commune d’une approche des droits culturels.
- La dernière étape de cette co-construction sera, par le moyen d’une formation, l’appropriation et l’adaptation de cette méthode par différents terrains et secteurs.
2. Le choix des partenaires
Les centres culturels sont guidés par un décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles du 21 novembre 2013 qui place l’exercice des droits culturels au cœur de leurs actions. Ils expérimentent différentes manières de mobiliser les droits culturels des populations de leur territoire depuis un temps certain de travail. Ils constituent donc des partenaires privilégiés pour entreprendre une telle recherche.
Le secteur étant constitué de 120 centres culturels reconnus (en FWB), souvent très différents les uns des autres, il n’était pas envisageable de tous les rencontrer dans les limites des ressources temporelles et humaines disponibles. Représenter leurs diversités se révèle pourtant fondamental, c’est pourquoi différents centres culturels ont été sollicités, parmi lesquels se trouvent autant des grands que des petits, des urbains que des ruraux, avec ou sans espace de diffusion.
En 2019-2021, ils ont tous répondu à l’appel : Le Centre Culturel de Saint-Gilles Jacques Franck, Le Centre culturel d’Evere l’Entrela’, le centre culturel de l’entité fossoise, le centre culturel de Genappe, le centre culturel des Roches de Rochefort, le centre culturel de Marchin, le centre culturel Ourthe & Meuse et la Maison culturelle d’Ath.
En 2022-2023, des anciens centres culturels partenaires ont été à nouveau sollicités et certains d’entre eux ont voulu poursuivre la recherche: le centre culturel d’Evere l’Entrela’, le centre culturel de l’entité fossoise, le centre culturel de Genappe, le centre culturel Ourthe & Meuse et la Maison culturelle d’Ath.
Afin d’élargir le panel et diversifier les méthodologies de suivi, de nouveaux centres culturels ont été contactés et se sont engagés dans la recherche participative le centre culturel de Mouscron, Le centre culturel d’Anderlecht Escale du Nord, le centre culturel de Liège les Chiroux, le centre culturel de La Louvière le Central, la coopération Terre Ferme portée par le Centre culturel des Roches de Rochefort et d’autres centres culturels avoisinants (la Maison Culture Famenne-Ardennes, le centre culturel de Dinant, celui de Nassogne, celui de Hotton, celui de Hastière, celui de Havelange, celui de Doische, celui de Durbuy…).
Plusieurs méthodologies sont développées selon les types de suivi selon qu’il s’agisse :
- d’un suivi générique de l’action avec le le centre culturel d’Evere l’Entrela’, le centre culturel de l’entité fossoise, le centre culturel de Genappe, le centre culturel Ourthe & Meuse, la Maison culturelle d’Ath, le centre culturel de Mouscron;
- d’un suivi avec intervention dans l’action avec l’ASTRAC – le réseau des professionnel·les en centres culturels – par le biais la démarche Paideia dans le cadre du cycle Cultiver les droits culturels avec la coopération Terre Ferme, ainsi qu’avec le centre culturel du Brabant-Wallon;
- d’un suivi en décloisonnement avec Le centre culturel d’Anderlecht Escale du Nord et le CIFAS dans le cadre du projet européen Résidence Secondaire mené par l’Âge de la Tortue;
- d’un suivi centré sur les méthodologies avec le centre culturel de Liège les Chiroux autour de l’évaluation et le centre culturel de La Louvière le Central autour de l’analyse partagée du territoire.
- Centre Culturel de Genappe, le 38
- Centre culturel de Liège Les Chiroux
- Centre culturel d’Angleur et Sclessin – Ourthe et Meuse
- Centre culturel des Roches Rochefort
- Centre culturel d’Evere l’Entrela’
- Centre culturel d’Anderlecht Escale du Nord
- Centre culturel de Mouscron Marius Staquet
- Maison Culturelle d’Ath
- Centre culturel de l’entité fossoise
- Centre Culturel de la Louvière Le Central
- Centre Culturel du Brabant Wallon (CCBW)
3. Les questions de recherche
Convention 2019-2021
La question de recherche principale « Comment observer l’effectivité des droits culturels ? » se décortique en plusieurs sous-questions de recherche :
Comment observer l’exercice des droits culturels par des personnes et des collectivités ?
Comment observer l’action des centres culturels pour rendre cet exercice plus effectif ?
- Comment les centres culturels se sont-ils approprié la référence aux droits culturels au niveau de leurs réflexions et analyses, en réponse aux réalités de leur environnement, y compris dans la conception, l’évaluation et la manière de rendre compte de leur action ?
- Sur quelle(s) référence(s) des droits culturels se basent-ils pour définir leur action (Article 1er ou 2e du décret de 2013, autre) ?
- Quels sont les droits culturels qu’ils cherchent à mobiliser par leur action ?
- Comment les centres culturels se sont-ils approprié les droits culturels au niveau de leurs actions ?
- Quelles traductions dans leurs pratiques vis-à-vis des populations ?
- Quelles évolutions au niveau interne, dans l’organisation des équipes et dans la gouvernance ?
- Quels impacts au sein de leurs collaborations ?
Première partie 2022-23 de la convention 2022-2025
Sur base des premières recherches, la question de recherche principale est reprise sous la forme « Comment observer et évaluer l’effectivité des droits culturels ?« .
En effet, c’est dans un contexte de deuxième « boucle procédurale » que s’ouvre cette question générale. Cela veut dire que l’ensemble des centres culturels ont à présent tous menés un premier contrat-programme de cinq ans à la suite du décret de 2013 et selon les étapes prescrites par le décret – mener une analyse partagée du territoire et une auto-évaluation pour dégager des enjeux territoriaux, alors traduits en enjeux culturels qui servent à construire le projet culturel qui sera développé à travers des opérations culturelles articulées selon différentes fonctions culturelles pour en venir à une nouvelle boucle avec l’auto-évaluation et l’analyse partagée.
Depuis lors, des projets d’action culturelle ont donc été mis en place en tâchant d’observer l’effectivité. S’il est toujours question d’observation, le secteur des centres culturels veut poursuivre en évaluant l’effectivité des projets développés avec les populations à la fois depuis les perspectives des personnes et des collectivités, que celles des actions menées par les centres culturels.
A partir de cette reprise, les deux sous-questions évoluent quelque peu : l’observation est prise dans le sens plus inclusif et valorisant de expérimentation et y est ajoutée l’évaluation. Le développement entre réflexions et analyses, ainsi qu’actions reste similaire. Voici donc les reformulations des questions:
Comment expérimenter et évaluer l’exercice des droits culturels par des personnes et des collectivités?
Comment expérimenter et évaluer l’action des centres culturels pour rendre cet exercice plus effectif?
Les nouvelles missions prolongent ainsi ces nouvelles questions et les développements, en particulier la production d’une panoplie d’outils en vue de l’expérimentation et de l’évaluation de l’effectivité des droits culturels.
4. Les phases de recherche
2019
- Sélection de huit centres culturels en Fédération Wallonie-Bruxelles / septembre-octobre
- Prise de contact avec les centres culturels / novembre-décembre
2020
- Première série d’entretiens approfondis avec les centres culturels / février-mars
Rencontre individuelles avec les directeurs et directrices de chaque centre culturel participant à la recherche : présentation de la Plateforme et du centre culturels, attentes et envies mutuelles, appréhension des droits culturels, …
- Analyse des données récoltées et formulation de pistes de recherche / avril-mai-juin
Retranscription des huit entretiens, mise en évidence des liens, points de tension, lignes de force et thématiques récurrentes dans les différents propos, attention particulières accordée aux multiples conceptions des droits culturels.
Explorer les pistes de recherche
- Deuxième série d’entretiens approfondis avec chacun des centres culturels / septembre-octobre
Sélection en amont, par le centre culturel, d’une action ou d’un projet à analyser ensemble à l’aune des droits culturels. Entretien ouvert aux membres de l’équipe du centre culturel intéressé·es par la discussion. Exploration : quels droits culturels sont mobilisés ? Quels en sont les signaux ? Quelles en sont les conditions ?
- Analyse des données récoltées / novembre 2020-mars 2021
Retranscription des huit entretiens, mise en relation et en perspectives des études de cas.
- Présentation des premières hypothèses de recherche sur le blog / octobre-décembre
2021
- Moment(s) d’échanges entre les huit centres culturels / septembre 2021
- Troisième série d’entretiens approfondis avec chacun des centres culturels / octobre 2021
Inventaire des pratiques existantes en termes d’observation de l’effectivité des droits culturels et explorations des freins et leviers à la mise en place de tels dispositifs. Problématiques générales liées à cette observation.
- Analyse des données récoltées et formulation de problématiques de recherche / automne 2021
- Évaluations de la recherche / mai-juin, décembre 2021 + janvier/février 2022
- Écriture d’un rapport final de recherche / automne 2021
2022-2023
I. Approfondissement de la démarche d’observation des droits culturels avec les centres culturels et ce, en observant dans l’action culturelle elle-même, avec les participant·es et les travailleur·ses, ainsi que les différentes parties prenantes impliquées dans la mise en place des actions des centres culturels (tant en amont qu’en aval des actions).
- Prise de connaissance de la démarche, appropriation des outils et du réseau, lectures théoriques par le nouveau chargé de recherche et d’animation / février-avril 2022
- Prise de contact avec les anciens centres culturels partenaires et sélection de nouveaux / février-avril 2022
- 1ère série d’entretien avec les centres culturels partenaires / mai-juin 2022
- Choix d’une action à suivre et co-construction du calendrier / mai-juin 2022
- Observation à proprement parler dans l’action / septembre 2022-juin 2023
II. Élaborer avec les centres culturels une typologie des actions culturelles qu’ils ont conduites et, pour chacun des types d’action, choisir quel(s) droit(s) culturel(s) pourrai(en)t être observé(s).
- 2 série d’entretiens avec les centres culturels partenaires / octobre-novembre 2022
- En entretien, réalisation d’un exercice de situation des opérations culturelles au regard des référentiels des droits culturels / octobre-novembre 2022
- En entretien, description de l’action, de la méthodologie de projet et des outils d’évaluation / octobre-novembre 2022
III. Réaliser systématiquement un travail d’accompagnement de ces observations ainsi que de collecte et d’analyse des données observées
- Au bureau, analyse et problématisation des données au prisme des pistes de recherche posée / octobre 2022-décembre 2023
- Auto-évaluation de la recherche, évaluation avec les centres culturels partenaires ainsi qu’en comité de pilotage / octobre 2022-décembre 2023
IV. Définir, tester puis modéliser un protocole d’observation des droits culturels sous la forme d’une panoplie d’outils pouvant être reprise, adaptée et développée par d’autres acteur·ices souhaitant s’engager dans l’observation de leurs pratiques au regard des droits culturels, avec la possibilité de l’adapter à leur propre contexte.
V. Renforcer la dynamique de mise en réseau des associations et centres culturels porteurs de la Plateforme à travers l’organisation régulière de rencontres d’échanges et de réflexion concertées sur les problématiques et pratiques des droits culturels.
2024-2025
I. Mise en place, à partir du protocole d’observation des droits culturels défini lors de la première partie de la convention, d’un programme de formation-action aux droits culturels, proposé, dans un premier temps aux travailleur·ses des Centres culturels.
II. Dans un deuxième temps, et suivant les enseignements des premiers cycles de formation susmentionnés, conception et mise en place d’une formation longue sur l’actualité de la démocratie culturelle et les modalités d’intégration du référentiel des droits culturels dans l’ensemble des politiques culturelles de la FWB.
III. Développement d’une recherche participative dans le secteur de l’Éducation permanente. 4 étapes sont envisagées :
- Une réflexion sur les relations entre les référentiels de l’Éducation permanente et les droits culturels, par l’analyse des 4 questions proposées par la circulaire de 2018 sous l’angle des droits culturels.
- Une analyse des 4 axes de l’Éducation permanente au regard des droits culturels.
- L’animation de focus-groupes qui réuniront différentes associations de différents axes, tailles, secteurs, ancrages territoriaux pour préciser et moduler un référentiel qui intégrerait l’Éducation permanente et les droits culturels.
- La mise en place avec certaines de ces associations, d’une observation de l’effectivité de ces droits culturels dans leurs actions.
5. Évaluations de la recherche
Chaque étape du processus de recherche est évaluée en comité de pilotage, ce qui permet de réajuster rapidement certaines trajectoires, de rebondir face aux imprévus de manière concertée et d’envisager les suites sur le long terme.
Au cours de la convention 2019-2021, le comité d’accompagnement a également été un lieu d’évaluation, plus périodique, de la recherche. Au vu de la difficulté à réunir ce comité, il a été décidé de ne pas le renouveler dans le cadre de la nouvelle convention.
Les rapports annuels d’activité sont autant de moments d’évaluation sur la recherche. Ceux-ci sont nourris par une auto-évaluation systématique après chaque série d’entretiens menés avec les centres culturels partenaires.
Au terme de la convention 2019-2021, l’évaluation plus globale de l’ensemble du projet a été réalisée en automne 2021-début 2022 avec tou·tes les partenaires concerné·es, notamment de la journée « Parlez-vous droits culturels ?« . Au terme de la première partie 2022-23 de la nouvelle convention, un rapport intermédiaire sera l’occasion d’évaluer plus globalement les avancées de la recherche.